Hommes et
femmes ont pourtant les mêmes droits
Retraite des fonctionnaires : l'égalité tarde
Depuis que le Conseil d'État a mis à
égalité les hommes et les femmes fonctionnaires pour le calcul de leur
retraite,
les pères n'hésitent pas à saisir le
thbunal administratif: 1500 dossiers ont été instruits par le seul tribunal
administratif de Rennes.
La décision de la Cour
européenne de justice était tombée le 29 novembre 2001. « Les bonifications
de retraite (un an par enfant), accordées aux femmes retraitées de la fonction
publique, doivent aussi bénéficier aux hommes ayant élevé des enfants.»
Lors d'une décision rendue le 29 juillet 2002, le Conseil d'État a confirmé cet
arrêt de la Cour européenne de justice, accordant une égalité de traitement
entre les hommes et les femmes fonctionnaires pour le calcul de la retraite.
L'information a circulé par le
biais des syndicats et les tribunaux administratifs ont vite été submergés de
recours déposés par les fonctionnaires retraités. C'est ainsi que le tribunal
administratif de Rennes a enregistré environ 1 500 dossiers pour la Bretagne.
La juridiction a récemment rendu sa première décision. Certes, elle donne tort
au requérant, un second maître né en 1933. Mais il était «hors délai»
pour contester sa pension.
10000
demandes rejetées
L'article L 55 du Code des pensions civiles et
militaires stipule, en effet, qu'en cas d'« erreur de droit »,la pension
n'est révisable que dans un délai d'un an après la liquidation. La pension
étant concédée sur la base de l'indice que l'on détient depuis au moins six
mois. À Rennes, ce sont surtout des fonctionnaires de la Défense qui ont déposé
un recours. À Nantes, on a seulement enregistré 83 dossiers à ce jour. À
Caen, les demandes de révision - une à quatre par jour - émanent pour la
plupart du personnel de la marine.Cent dossiers de marins se répartissent
entre les tribunaux administratifs de Caen et de Rouen.
Le Conseil d'État avait été saisi
par Joseph Griesmar. Ce magistrat, père de trois enfants, s'estimait victime
d'une discrimination fondée sur le sexe, contraire au droit communautaire. À la
question « la pension de retraite d'un fonctionnaire est-elle considérée
comme une rémunération ?», la Cour européenne avait répondu oui. Le Conseil
d'État avait statué dans le même sens. Réserver une bonification d'ancienneté
d'un an par enfant aux seules femmes fonctionnaires est « incompatible avec
le principe d'égalité des rémunérations tel qu'il est affirmé par le traité
instituant la Communauté européenne».
Les conséquences financières de
cette décision - rétroactive - sont estimées entre 450 et 760 millions
d'eu-ros. À titre d'exemple, le service de pensions des Armées a enregistré de
nombreuses demandes de révision. Plus de 10000 ont été rejetées pour dépassement
de délai. Les pensionnés, dont la demande était re-cevable, ont reçu une
lettre d'attente qui repousse la décision.
Dès lors que le gouvernement aura tiré les
conséquences de l'arrêt du Conseil d'État, il est probable que ces
fonctionnaires obtiennent une révision de leur pension. Jusqu'à la parution
de nouveaux textes, on peut penser que l'arrêt du Conseil d'État fera
jurisprudence. Il faudra cependant attendre les premiers jugements pour en
savoir plus.
Ouest France – 10 février 2003 .